« Nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » (Romains 8 : 17 b). Quelle déclaration étonnante ! Il ne s’agit pas d’une hypothèse, ni d’une promesse future, mais bien d’une affirmation. Ceux qui appartiennent à Dieu sont aussi ses héritiers. Un pasteur a écrit le petit texte suivant, sur la base de Luc 15 : 31 : « Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi. »

Les ressources de Dieu sont-elles les vôtres ? Oui ! Cela étant vrai, il vous faut découvrir ce qu’il a. Quand vous découvrez ce qu’il a, vous savez ce qui vous appartient et vous serez plus en mesure de jouir des bénédictions de Dieu. A-t-il le pardon ? Oui ! Cela vous appartient. A-t-il la guérison ? Oui ! Et cela vous appartient, à vous aussi. A-t-il la misère ou la richesse ? La richesse ! Est-il un Dieu pauvre ou un Dieu riche ? Il est riche ! Qu’a-t-il ? A-t-il la grâce ? Oui. Toutes ces choses vous appartiennent alors.

Tout ce que Dieu a est à vous. Qui blâmer si vous ne l’avez pas ? Lui ? Non, il vous a déjà dit que c’est à vous. Comment l’obtenir ? Comment s’en emparer vraiment ? En agissant en fonction de Sa Parole, c’est-à-dire, en agissant comme si ces choses vous appartenaient.

La Bible déclare que nous sommes héritiers de Dieu et cohéritiers (héritiers égaux) de Jésus-Christ (Romains 8 : 17). Certains disent : « Jésus a tout et Dieu a tout, mais il ne nous reste rien. Nous l’aurons plus tard, quand nous arriverons au Ciel. » La Bible ne dit pas que nous serons héritiers de Dieu. La Bible déclare que nous sommes héritiers de Dieu. Tout ce que Dieu a nous appartient maintenant ![1]

Les promesses de ce pasteur sont alléchantes, car elles répondent à une aspiration profonde de l’homme, à savoir le besoin d’être en sécurité et sans se faire du souci, l’aspiration à une vie meilleure. Ce désir est bon et trouve de nombreux échos par exemple dans le livre des Proverbes. Il faut toutefois se méfier de la convoitise, que la Bible condamne à de multiples reprises. « Tu ne convoiteras pas ! » C’est le 10e commandement. Nous avons besoin de discernement pour distinguer entre aspiration légitime et convoitise.

Recevoir l’héritage du Christ

Plusieurs textes bibliques[2] pourraient suggérer que l’héritage que Dieu nous réserve est matériel. C’est le cas de Marc 10 : 29-30a :

Je vous le dis en vérité, personne n’aura quitté à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle sa maison ou ses frères, ses sœurs, sa mère, son père, [sa femme,] ses enfants ou ses terres, sans recevoir au centuple, dans le temps présent, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres.

La Bible présente plusieurs exemples de cette bénédiction matérielle. Les Hébreux quittent l’Égypte en emportant les trésors des Égyptiens (Exode 12:36)[3]. Abraham devient très riche (Genèse 13:2), Joseph (Genèse 41 : 40-43), Salomon (1 Rois 10:23) ou encore Job (Job 42 : 10-12).

Mais avant de tirer des conclusions hâtives de la vie de ces personnages, n’oublions pas que Dieu a envoyé de nombreux hommes pour le servir. Qu’en est-il d’Élie, que Dieu nourrit miraculeusement par l’intermédiaire de corbeaux alors qu’il se trouve loin des maisons somptueuses (1 Rois 17 : 2-6) ? La suite du récit suggère une existence modeste[4]. Le prophète Jérémie a aussi traversé beaucoup de difficultés. Que dire de Jésus ? Né dans une étable, soutenu financièrement par des femmes (Luc 8 : 1-3), mort sur une croix. Jésus a possédé la plus grande misère. À la lumière de ces exemples, le constat semble évident. La bénédiction de Dieu ne se concrétise pas nécessairement par un enrichissement matériel. Quel est donc ce mystérieux héritage promis avec tant de force dans la Bible ? Il convient de remettre les versets cités dans leurs contextes.

Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire.

Romains 8 : 17

Il s’agit effectivement d’une déclaration. C’est une vérité, quelque chose d’actuel. L’enfant d’un riche marchant est l’héritier de son père dès le jour de sa naissance. Cependant, même s’il est appelé héritier, il n’entre pas tout de suite en possession de son héritage. C’est l’enseignement ce verset : nous sommes héritiers, mais nous entrerons dans notre héritage après avoir souffert avec Jésus. Nous entrerons en possession de sa richesse après avoir partagé sa souffrance.

J’estime que les souffrances du moment présent ne sont pas dignes d’être comparées à la gloire qui va être révélée pour nous.

Romains 8 : 18 (suite de la précédente citation)

En effet, c’est en espérance que nous avons été sauvés. Or l’espérance qu’on voit n’est plus de l’espérance : ce que l’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.

Romains 8 : 24 – 25

Le verset de Luc 15:31 cité précédemment va dans la même direction. En effet, il vient conclure la parabole du fils prodigue. Or Jésus ne raconte pas cette parabole pour donner l’assurance d’une bénédiction matérielle. Il raconte cette histoire pour souligner la grandeur du pardon que Dieu nous accorde. Dieu est prêt à nous pardonner et nous rétablir dans notre identité d’enfant de Dieu que nous avions perdue en raison de nos fautes et à nous accueillir comme son enfant.

Est-ce que cela signifie que Dieu ne nous rendra pas riches ? Non, mais la Bible dit que la bénédiction se trouve ailleurs. Si nous sommes héritiers de Christ, alors n’attendons pas trop de richesse de notre passage ici-bas. Jésus a dit : « mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18 : 36). La Bible met en garde contre les richesses que ce monde nous fait miroiter (par exemple Luc 12 : 33 – 34[5]). Elle va même plus loin en affirmant que Jésus est venu nous « arracher à l’actuel monde mauvais, conformément à la volonté de notre Dieu et Père » (Galates 1:4). Jésus nous a « nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé » (Colossiens 1 : 13). Ne serait-ce pas dangereux de rechercher ce qui appartient aux ténèbres ?

Toutefois, n’ayons crainte. Dans notre pèlerinage sur cette terre, Dieu pourvoira à tous nos besoins.

Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas : « Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? Avec quoi nous habillerons-nous ? » En effet, tout cela, ce sont les membres des autres peuples qui le recherchent. Or, votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus.

Matthieu 6 : 31 – 33

De précieuses richesses

N’ayons pas de regret quant aux richesses que Dieu ne nous promet pas. Il est le Créateur, et il a créé un monde où ce qui a véritablement de la valeur ne peut pas se monnayer. À quoi ressemblerait un homme qui tenterait d’acheter l’amour de la femme qu’il aime ?

Même si un homme offrait tous les biens de sa maison contre l’amour, il ne s’attirerait que le mépris.

Cantique des cantiques 8:7b

Il en va de même pour l’amitié, la loyauté, le pardon, la joie, la patience, la paix, la tranquillité, la discipline, la pureté, bref tout ce qui apporte le bonheur. Dieu a créé un monde où ce qui a de la valeur ne peut pas se monnayer, mais se reçoit.

[1] Kenneth HAGIN, « Tout ce que Dieu a est à vous », dans EMCI TV, https://emcitv.com/kenneth-hagin/texte/tout-ce-que-dieu-a-est-a-vous-2829.html (Page consultée le 2 mai 2024).

[2] Entre autres : Genèse 12:2-3 ; Psaume 24:1 ; Proverbes 10:22 ; Haggai 2:8 ; Malachie 3:10 ; Matthieu 6:33 ; Matthieu 19:24 ; Romains 8:17 ; 1 Timothée 6:10 ; 2 Corinthiens 9:8 ; Galates 3:29.

[3] Jean-Luc Trachsel propose un parallèle entre cette histoire et la bénédiction matérielle qui, selon lui, nous attend. « Une richesse inattendue », 19 septembre 2022, dans Jean Luc Trachsel Ministries, http://fr.jeanluctrachsel.org/une-richesse-inattendue/ (Page consultée le 2 mai 2024).

[4] La Bible ne s’attarde pas sur les biens qu’il aurait accumulés, ou auquel il aurait renoncé. Toutefois, dans le Nouveau Testament, le « nouvel Élie », Jean-Baptiste, vit très simplement (Marc 1:6).

[5] Une prédication en lien avec ce passage : https://egliselesperance.ch/se-souvenir-de-ce-qui-nous-attend-pour-depenser-sagement-notre-argent/