Question
Benjamin bonjour, je t’ai entendu dire que Baal était un nom utilisé pour qualifier Dieu. Or voici ce que j’ai trouvé dans la Bible :
- Baal : Dieu cananéen (Jérémie 2:8 et 19:15)
- Servi par Israël (Juges 2:11 ; 8:33 et 1 Rois 18:18)
- Son autel détruit par Gedéon (Juges 6:25)
- Ses prêtres tués par Elie (1 Rois 18:40)
- 1 Samuel 7:4 ; 1 Rois 19:18 ; 2 Chroniques 34:4 ; Osée 2:10
- Divinité moabite (Nombres 25:3 ; Josué 22:17)
- Josias détruit tout ce qui est relié à Baal (2 Rois 23)
Au vu de tous ces versets, je ne comprends pas comment Baal peut être un nom de Dieu. Si c’est le cas, pourquoi Dieu les a fait déporter en exil pour avoir servi Baal ????
Réponse
C’est effectivement très étonnant de voir que la Bible utilise le mot baal pour qualifier Dieu. Cela arrive à quelques rares occasions, et n’a pas du tout le même sens que lorsqu’il est utilisé pour parler d’une idole. Rappelons-nous que le sens d’un mot dépend de son contexte.
Le mot baal en hébreu signifie mari, maître. On le trouve dans plusieurs versets avec ce sens-là, voici deux exemples :
– 2 Samuel 11:26 : « La femme d’Urie apprit que son mari (baal) était mort et elle le pleura. »
– Proverbes 31:23 : « Son mari (baal) est reconnu aux portes de la ville, lorsqu’il siège avec les anciens du pays. »
Lorsqu’Israël plie le genou devant Baal, le terme employé pour parler de ses faux dieux signifie littéralement maître, mari. La Bible compare souvent l’idolâtrie à la prostitution, une image renforcée par la façon dont Israël avait de parler de ses idoles, les Baal.
Il y a donc deux usages pour le mot Baal :
- un nom commun, qui signifie mari ou maître;
- un nom propre, utilisé pour désigner certains faux dieux, qui n’est pas nécessairement rattaché à sa signification d’origine.
On retrouve la même chose en français, avec Rose ou Pierre. Lorsqu’on emploie ces noms dans la vie courante, il n’y a pas besoin de dire s’il s’agit du nom propre ou du nom commun, le contexte définit l’usage. « Il lui offre une rose » ou « Rose lui offre un livre », on identifie immédiatement si « rose » est une personne ou une fleur.
La Bible emploie parfois le terme baal pour parler de Dieu, par exemple en Jérémie 3:34 :
« Revenez, enfants rebelles, déclare l’Éternel, car c’est moi qui suis votre maître (baal). Je vous prendrai, un d’une ville, deux d’une famille, et je vous ramènerai à Sion. »
Ce n’est pas exactement la même forme hébraïque qui est utilisée, mais c’est bel et bien la même racine. Malgré cette proximité, il n’y a aucun risque dans ces passages de confondre l’Éternel avec les Baal ! Bien qu’Osée 2 : 16 fasse un jeu de mots sur le double sens de baal :
« Ce jour-là, déclare l’Éternel, tu m’appelleras : “Mon mari” et tu ne m’appelleras plus : “Mon maître(baal) !” ».
Le verset d’Ésaïe 54:5 mérite d’être cité :
« En effet, ton époux (baal), c’est celui qui t’a faite, et son nom est l’Éternel, le maître de l’univers ; celui qui te rachète, c’est le Saint d’Israël, et on l’appelle Dieu de toute la terre. »
C’est celui-ci que tu as vu écrit sur le papier qui parlait de la Trinité. En effet, dans ce verset le mot baal est écrit au pluriel. La Bible utilise plusieurs termes au pluriel pour parler du Dieu unique. On peut penser, par exemple, à Élohim, traduit par Dieu. Or en hébreu, Élohim est Dieu au pluriel, des dieux pourrait-on dire. Mais le verbe qui l’accompagne est au singulier. C’est également le cas en Esaïe 54.5 avec le terme baal, au pluriel, bien que d’autres qualificatifs demeurent au singulier[1], par exemple « son nom ».
En conclusion, Dieu a déporté Israël à cause de sa « prostitution » envers un autre maître ou un autre mari, les Baal. Or Israël n’a qu’un seul maître, qu’un seul mari : l’Éternel ! J’espère que ces quelques lignes te permettront de mieux comprendre pourquoi il est possible que la Bible qualifie Dieu de baal.
[1] Relevons tout de même que les mots «c’est celui qui t’a faite» et «Dieu» sont également au pluriel.
Article modifié le 18 juin 2024.
Apparemment il n’y a que moi, Corine Claus qui conteste ce que tu as écrit sur Baal, comme étant un autre nom pour Dieu. Donc je peux prier Baal sans choquer les personnes qui vont m’écouter et dire amen à ma prière
C’est vraiment dommage qu’on en vienne à mélanger le paganisme au christianisme.
Même si les racines peuvent éventuellement se rapprocher, les fruits sont nettement différents. Si nous mélangeons le bon grain avec l’ivraie, l’église ne pourra jamais grandir. Il est temps de retirer Baal de la liste des noms de Dieu, svp.
Bonjour Corine, bonjour Pierre-Alain,
C’est effectivement choquant de lire que la Bible appelle Dieu « baal ». Vos commentaires m’ont fait réaliser qu’une faute s’est glissée dans le titre. Il n’y aurait pas dû avoir de majuscule à baal, puisqu’il ne s’agit pas d’un nom propre. Je l’ai corrigé, et j’ai changé l’image qui illustrait l’inverse de ce que je suis en train d’expliquer. En effet, בַּעַל, baal, en hébreu, signifie maître, ou mari, et c’est dans ce sens-là qu’il est utilisé en Esaïe 54:5. En français, l’usage de la majuscule permet la personnification d’un nom, on le met donc pour qualifier l’idole Baal, mais pas pour transcrire le mot hébreu qui signifie époux, maître.
En revanche, je ne peux malheureusement pas changer ce qui est écrit dans la Bible, voici le texte en hébreu (WLC) :
כִּ֤י בֹעֲלַ֙יִךְ֙ עֹשַׂ֔יִךְ יְהוָ֥ה צְבָאֹ֖ות שְׁמֹ֑ו וְגֹֽאֲלֵךְ֙ קְדֹ֣ושׁ יִשְׂרָאֵ֔ל אֱלֹהֵ֥י כָל־הָאָ֖רֶץ יִקָּרֵֽא׃
Et la traduction en français (SG21) : « En effet, ton époux, c’est celui qui t’a faite, et son nom est l’Éternel, le maître de l’univers ; celui qui te rachète, c’est le Saint d’Israël, et on l’appelle Dieu de toute la terre. »
La Bible ne peut pas être changée, mais nous pouvons chercher à comprendre ce que Dieu veut nous communiquer de lui dans ce verset. N’hésitez pas à réagir s’il y a encore le moindre doute quant à un amalgame entre paganisme et christianisme !
L’article mentionne que ce n’est pas tout à fait la même forme qui était utilisée en Esaïe 54:5. Les mots hébreux sont généralement construits avec trois lettres, auxquelles on ajoute des préfixes et des suffixes. Dans le cas présent, il s’agit du participe masculin pluriel du verbe בָּעַל, baal (marier, régner sur) au Qal, suivi de l’adjectif possessif à la deuxième personne, singulier, féminin, pour indiquer que c’est le « marié » de Jérusalem. Il ne s’agit donc pas d’un nom. Pour faire un parallèle avec le français, c’est comme si on parlait du « marié » plutôt que du « mari ».
Malgré ce passage, la Bible ne laisse aucun doute : Baal n’est pas l’Éternel, ni même un dieu, et l’Éternel n’est pas Baal ! Esaïe 54:5 rappelle au peuple de Dieu que l’Éternel est son mari. Son peuple peut donc s’appuyer sur lui et compter sur son pardon et sa bienveillance, comme Esaïe le dit dans le chapitre 54.
Peut-on s’adresser à Dieu en utilisant Baal ? Ce serait très incongru, et je ne me le permettrais pas, ce serait compris comme une hérésie. En effet, en français, le mot Baal ne signifie jamais « mari », mais désigne uniquement des idoles. D’ailleurs, les versions francophones que j’ai consultées traduisent ce mot par « époux » ou « mari », aucune ne garde le mot « baal ».
Continuons à prier l’Éternel, notre Père ! Mais cela ne nous empêche pas d’être interpellés par la Bible sur notre compréhension de Dieu. Et à mon tour de vous poser une question. Peut-on s’adresser à Dieu dans nos prières en l’appelant « mon époux » ou « mon mari » ?
Pour information, John M. Frame parle de cet usage du mot baal dans son livre The Doctrine of God, (A Thelology of Lordship), s.l., P&R Pub., 2002, p. 632.