Donner un sens biblique à la sexualité

Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince ! Les contours de tes hanches sont comme des ornements, œuvre des mains d’un artiste. Ton bassin est une coupe arrondie où le vin parfumé ne manque pas. Ton ventre est un tas de blé entouré de lis. Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d’une gazelle. Ton cou est comme une tour d’ivoire. Tes yeux sont comme les étangs de Hesbon, près de la porte de Bath-Rabbim. Ton nez est comme la tour du Liban qui monte la garde face à Damas. Ta tête se dresse aussi fièrement que le Carmel et les cheveux de ta tête sont comme la pourpre. Un roi est prisonnier de boucles ! Que tu es belle, que tu es agréable, mon amour, au milieu des délices ! Ta taille ressemble au palmier, et tes seins à des grappes. Je me dis : « Je veux monter sur le palmier pour attraper ses grappes ! » Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, le parfum de ton souffle comme celui des pommes et ton palais comme un vin excellent !

C’est bien de la Bible que nous trouvons ces paroles, dans le Cantique des cantiques 7 : 2-10. Étonnant, n’est-ce pas, de trouver ce discours érotique dans un livre Saint, dans la Parole de Dieu !

Pourtant il y a le Cantique des Cantiques, un des livres de la Bible, qui fait l’éloge de la relation entre l’homme et la femme. Il parle sans ambiguïté, de façon imagée, certes, mais de façon directe, de la sexualité. Il en parle comme quelque chose de beau, comme de quelque chose qui unit l’homme et la femme dans une relation d’amour.

Avant d’aller plus loin, je fais une petite parenthèse. Nous n’allons qu’évoquer de loin certains problèmes liés à la sexualité, notamment celui de l’abus. Si vous êtes concerné par ce sujet, ne gardez pas cela pour vous, parlez-en, vous n’êtes pas seuls. Peut-être y a-t-il quelqu’un qui a des penchants inavouables : parlez-en avant qu’il ne soit trop tard. Si vous avez commis l’irréparable, confessez-le. Je referme la parenthèse, et nous revenons à notre texte.

Les différentes interprétations

Ta taille ressemble au palmier, et tes seins à des grappes. Je me dis : « Je veux monter sur le palmier pour attraper ses grappes ! » (Cantique des cantiques 7 : 9 – 10)

L’image est très suggestive. Évidemment, plus personne n’emploierait ces images-là pour parler de sexualité aujourd’hui… et pourtant cela apporte un côté poétique, romantique, et exotique.

Personne ne sera surpris de savoir que ce texte a été diversement interprété au cours de l’histoire, avec principalement trois courants différents[1] :

  • Il s’agirait d’une allégorie, généralement interprétée comme une image de l’histoire de Dieu et d’Israël ou de Dieu et de l’Église;
  • Selon d’autres, il s’agirait d’une histoire d’amour dans laquelle Salomon est l’un des protagonistes;
  • Il s’agit, troisième courant d’interprétation, d’une histoire entre un homme et une femme, d’une histoire qui célèbre l’amour.

L’opposition entre ces différentes interprétations n’est peut-être pas aussi marquée qu’on pourrait le penser. Et si la sexualité avait été donnée par Dieu comme point culminant pour refléter la relation qu’il souhaite avoir avec nous ? Et si la sexualité avait été donnée aux êtres humains pour nous parler du Créateur ?

Dans ce chapitre, nous n’allons donc pas parler de comment vivre une sexualité épanouie, de quels sont les normes bibliques de la sexualité, ou encore des pratiques prohibées par la Bible. Ce que nous allons faire, c’est de chercher un sens à la sexualité, un sens qui n’est pas dicté par l’air du temps, mais qui est fondé dans la volonté révélée de Dieu, la Bible.

La sexualité nous parle de Dieu

Aujourd’hui, lorsqu’on parle de sexualité, on évite de penser à ce que pourrait en dire l’église, ou la Bible. C’est un peu comme si l’on imaginait que la Bible disait que la sexualité faisait partie des choses charnelles, qu’elle était intrinsèquement liée au péché et qu’elle pouvait, au mieux, être tolérée dans le cadre du mariage, pour autant qu’on n’en parle pas. Cette idée ne vient pas de nulle part. On peut penser à tous les mouvements monastiques qui ont fait l’éloge de la chasteté. Ou encore la théologie catholique, une partie de la théologie catholique en tout cas, qui estime que la sexualité n’est tolérée que dans un but reproductif, et qu’en l’absence de possibilité procréative, elle n’a pas sa place. Il y a également un courant qui associe le péché originel et la sexualité, puisque dans la Bible le premier acte sexuel mentionné se trouve juste après le récit de la chute. Mais ces différentes interprétations ne rendent pas justice à un certain nombre de passages bibliques, qui semblent indiquer que la sexualité a été donnée pour montrer l’intimité de la relation que Dieu désirait avec nous.

La circoncision

Un jour, Dieu a choisi un homme pour faire une alliance avec lui, par laquelle il s’engageait à le bénir lui et toute l’humanité. Savez-vous quel signe Dieu lui a donné pour attester de cette alliance ? La circoncision. La circoncision consiste à exciser le prépuce, une petite peau qui se situe à l’extrémité du sexe masculin. Avec la circoncision, Dieu montre que la relation qu’Il veut avoir avec nous est quelque chose de très intime, que c’est douloureux puisque du sang doit couler, et que cela est en lien avec la vie que nous portons et qui va au-delà de notre propre mort. Mais c’est un signe. La véritable circoncision ne peut pas être faite de main d’homme. Car il y a en nous quelque chose de bien plus intime que la sexualité, c’est le cœur (voir Romains 2 : 25-29).

En prenant en considération la circoncision comme signe de l’alliance entre Dieu et Israël, il ne semble pas incongru de dire qu’il y a un parallèle à faire entre la sexualité et la relation que Dieu souhaite avoir avec les êtres humains. Mais est-ce suffisant ?

Le peuple de Dieu est appelé son épouse

À de nombreuses reprises dans l’Ancien Testament, Israël est appelé l’épouse de Dieu, et l’Éternel son mari. On peut penser au prophète Osée, ou encore à Ésaïe 54 : 15 :

En effet, ton époux, c’est celui qui t’a faite, et son nom est l’Éternel, le maître de l’univers ; celui qui te rachète, c’est le Saint d’Israël, et on l’appelle Dieu de toute la terre.

C’est une image qu’on retrouve dans le Nouveau Testament, où Christ est présenté comme l’époux et l’église comme son épouse. L’image va même plus loin, puisque le parallèle est explicitement fait avec le couple.

En effet, jamais personne n’a détesté son propre corps. Au contraire, il le nourrit et en prend soin, tout comme le Seigneur le fait pour l’Église parce que nous sommes les membres de son corps, [formés de sa chair et de ses os]. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’un. Ce mystère est grand, et je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même et que la femme respecte son mari. (Éphésiens 5 : 29-33)

L’idolâtrie comparée à la prostitution

Une autre image biblique qui nous pousse dans cette direction est celle du peuple de Dieu comparé à une prostituée lorsqu’il se détourne de Dieu. Voici un extrait des paroles qu’Ézéchiel doit adresser à Jérusalem, la ville qui représente Israël, alors qu’Israël s’est détourné de Dieu à plusieurs reprises.

En plus de tout ce mal que tu as commis — malheur, malheur à toi, déclare le Seigneur, l’Éternel — tu t’es construit des centres de prostitution, tu t’es fait des estrades sur toutes les places. À l’entrée de chaque chemin, tu as construit tes estrades, tu as déshonoré ta beauté, tu as écarté les jambes pour tous les passants, tu as multiplié tes prostitutions. (Ézéchiel 16 : 23-25)

Ces trois images, la circoncision, le peuple de Dieu appelé son épouse et Jérusalem qualifiée de prostituée lorsqu’elle se détourne de Dieu, nous conduisent à voir la sexualité comme un cadeau donné aux êtres humains pour nous parler du Créateur.

La sexualité nous parle du Créateur

Comment la sexualité nous parle-t-elle du Créateur ? De bien des manières différentes, et je vous propose quelques parallèles.

Les pulsions sexuelles

On peut commencer par la présence, au plus profond de nos tripes, d’un besoin d’avoir des relations sexuelles. Elles sont là, tellement puissantes qu’elles prennent parfois chez certains le dessus de la raison et les poussent à faire des choses déraisonnables. Il y a également au fond de l’être humain un besoin viscéral d’être en relation avec Dieu.

L’importance de la sexualité

La sexualité a tendance à prendre une place de première importance dans la vie, comme en témoignent chaque jour les articles, les postes sur les réseaux sociaux et les blagues entre collègues. Or la Bible nous enseigne que c’est Dieu qui devrait occuper la première place.

La sexualité comble un besoin

La sexualité vient combler, ou satisfaire, un besoin qui ne peut pas être comblé par un autre moyen. Notre recherche de Dieu ne peut pas être comblée autrement que par le Christ.

L’intimité

La sexualité est l’acte physique le plus intime que nous pouvons avoir avec le sexe opposé. L’homme et la femme sont littéralement l’un dans l’autre. Christ nous conduit à une vie intime avec Dieu.

L’altérité

Cette intimité implique une altérité, la différence est essentielle à l’union. De manière étonnante, le Créateur et la créature s’unissent en Christ.

L’exclusivité

Dans des relations sexuelles épanouies, il y a une exclusivité, car on ne peut donner le meilleur qu’à une seule personne. Dieu nous invite à une relation exclusive avec lui qui proscrit toute idolâtrie.

La vie découle de l’union sexuelle

De l’union sexuelle découle la vie, une vie qui se prolongera au-delà de notre mort. Deux parallèles peuvent êtres fait : de notre union à Christ découle une vie éternelle, et la foi en Christ n’est pas stérile, elle est porteuse de vie, de joie.

L’acte qui donne la vie est plaisant

La sexualité est quelque chose de très agréable, probablement un des plaisirs les plus intenses de l’existence. La relation que nous vivons avec Dieu en Christ porte cette intensité.

Voilà donc quelques parallèles que nous pouvons faire entre la foi et la sexualité, la liste pourrait facilement être allongée. C’est intéressant, n’est-ce pas ? Mais le tableau dressé est un peu trop beau pour coller à la réalité. Qu’en est-il des aspects négatifs de la sexualité ? D’une certaine manière, ils viennent également nous parler de la foi.

Les abus

Une relation sexuelle forcée laisse des traces indélébiles. La foi ne peut être authentique que lorsque Christ est librement choisi.

Les insatisfactions

La sexualité est souvent marquée par la frustration. Une sexualité épanouie est difficile à obtenir, elle ne résulte pas de la performance, mais de la relation. C’est également le cas de la foi. Vivre une foi épanouie, c’est difficile, et ce n’est pas une question de performance, mais de relation.

Les blessures

Les blessures liées à la sexualité, et pas seulement les abus, encrassent la relation conjugale. D’une manière similaire, le péché vient entacher notre relation avec Dieu. Seul le pardon nous permet de retrouver l’intimité.

L’infidélité

L’infidélité vient détruire la relation conjugale. L’idolâtrie vient détruire notre relation avec Dieu.

On pourrait encore continuer la liste un moment. La manière dont la Bible présente la sexualité est passionnante. Il n’y a pas besoin que chaque détail ait une signification spirituelle, mais la sexualité vient montrer certains aspects de la relation voulue entre Dieu et l’homme de façon concrète, palpable. Une relation rendue possible par l’œuvre de Christ sur la croix, et que nous pouvons vivre grâce au Saint-Esprit qui vient habiter dans nos corps. Par extension, ce qui va rendre possible une relation saine entre un homme et une femme, c’est aussi le pardon fondé sur l’œuvre du Christ.

Cette interprétation du Cantique des Cantiques et de la sexualité donne du sens : notre foi nourrit notre vie, et notre vie nourrit notre foi, nous sommes dans un cercle vertueux.

Sexualité et spiritualité ?

Mais ne devrions-nous pas aller plus loin et considérer la sexualité comme un acte spirituel ? Arrêtons-nous quelques instants sur le texte de 1 Corinthiens 6 : 15-20 :

Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Christ ? Prendrai-je les membres de Christ pour en faire les membres d’une prostituée ? Certainement pas ! Ne savez-vous pas que celui qui s’unit à la prostituée est un seul corps avec elle ? En effet, il est dit : Les deux ne feront qu’un.

On pourrait dire, en paraphrasant ce texte, que lorsque deux personnes ont un rapport sexuel ils deviennent un seul corps. Paul, l’auteur de l’épître aux Corinthiens, parle d’une prostituée, mais c’est valable également avec un amant ou son conjoint. Il y a, en toute vraisemblance, une union spirituelle, mystique, puisque physiquement on reste deux corps séparés. Cela implique que la sexualité a une portée mystique. Il y a d’ailleurs plusieurs religions dans lesquelles il y a une prostitution sacrée : le côté mystique de la sexualité a été perçu par de nombreuses cultures. Continuons le texte de Paul :

Mais celui qui s’unit au Seigneur est un seul esprit avec lui.

L’union sexuelle, l’union avec un homme ou une femme, permet une union de corps, une union charnelle. L’union avec le Seigneur permet une union d’esprit, une union spirituelle. S’il y a un parallèle à faire entre l’union sexuelle et l’union à Christ, la nature de cette union est radicalement différente.

Fuyez l’immoralité sexuelle. Tout autre péché qu’un homme commet est extérieur à son corps, mais celui qui se livre à l’immoralité sexuelle pèche contre son propre corps.

Paul souligne ici que la recommandation de fuir l’immoralité sexuelle est premièrement pour nous, pour moi. L’injonction biblique de vivre la sexualité dans le cadre du mariage entre un homme et une femme n’est pas là pour casser les pieds aux gens. L’église n’est pas là pour prescrire aux gens ce qu’ils doivent faire. D’ailleurs le pasteur, ou le curé, n’ira jamais venir voir ce qui se passe dans votre chambre à coucher. Ces recommandations sur l’éthique sexuelle sont là pour notre bien-être, pour nous éviter des blessures et pour que nous vivions des relations sexuelles de qualité.

Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps [et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu].

Ce passage est étonnant, parce qu’il ouvre la sexualité à une autre perspective. Finalement, ce qui est le plus important, ce n’est pas la sexualité elle-même, mais ce vers quoi elle pointe : Dieu. C’est porteur pour tous les couples qui ont une vie sexuelle active, mais également pour toutes les autres personnes. Je pense aux célibataires qui attendent de se marier : cela vaut la peine d’attendre, Dieu les appelle à vivre quelque chose de magnifique et d’exclusif avec leur conjoint. Je pense aux célibataires de longue date, qui ont renoncé au mariage ou pour lesquels la perspective du mariage semble s’éloigner. La sexualité n’est pas une fin en soi, et Dieu a quelque chose de particulier en réserve pour vous. Consacrez-vous à lui, c’est le choix le plus rationnel que vous puissiez faire ! Je pense également aux veuves et aux veufs, qui ont peut-être vécu une vie épanouie par le passé mais dont il ne reste que les souvenirs : Dieu vous appelle à renouveler votre intimité avec lui. Je pense à toutes celles et ceux qui ont une vie sexuelle frustrée, et la vie sexuelle est forcément frustrante à un moment donné : la satisfaction qui se trouve en Dieu vient combler toutes les autres insatisfactions, nous avons été rachetés à un grand prix.

Conclusion

Pour conclure, j’aimerais lire un dernier verset, tiré de l’Ecclésiaste 9 : 9 :

Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, pendant tous les jours de ta vie de vanité, que Dieu t’a donnés sous le soleil, pendant tous les jours de ta vanité ; car c’est ta part dans la vie, au milieu de ton travail que tu fais sous le soleil.

La sexualité est un don de Dieu, et si l’Éternel a placé un conjoint à vos côtés, il ne faudrait pas que ça ne reste que de la théorie. Ce sera bien plus vivant et agréable si la sexualité était vécue dans un amour librement consenti !

[1] Bible d’étude – Version du Semeur 2000, Cléon d’Andran, France, Excelsis, 2005, pp. 935‑936.

Benjamin Henchoz

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