Le coeur rempli de joie (Luc 2 : 1 – 20)

Le coeur rempli de joie, c’est un message fort que la naissance de Jésus nous annonce. Généralement, nous lisons ce récit à Noël. Nous avons fait de cette période une fête d’abondance en souvenir du plus précieux cadeau que l’humanité a reçu : Jésus. Le message véhiculé par la véritable histoire de Noël est tout autre.

La confiance en Dieu, axiome d’un cœur rempli de joie.

Il y a tout d’abord le contexte. Luc ne dit pas « il était une fois… » comme on le fait pour introduire un conte. Au contraire, il situe son récit dans le temps et dans l’espace, afin d’indiquer au lecteur qu’il s’agit d’une réalité historique.

Dieu a annoncé à Marie et Joseph un évènement extraordinaire par des anges et des signes miraculeux. Il a couvert Marie, encore vierge, de son ombre afin de concevoir Jésus. Personne dans l’histoire de l’humanité ne s’est vu confier une plus grande mission : elle a eu la responsabilité de mettre au monde et de prendre soin du Fils de Dieu.

Pour faire face à cette mission de la plus haute importance, Dieu donnera à Marie tout ce dont elle a besoin. Dieu, par définition, est Tout-Puissant. Rien ne lui échappe. Il a donc tout pouvoir. Les parents du bébé à venir ont donc la certitude d’avoir tout ce qui est nécessaire pour s’occuper du Fils de Dieu.

Les difficultés, la démonstration d’une joie offerte à tous

Qu’ont-ils ressenti en voyant que tout était complet à Bethléem et qu’ils n’avaient aucun endroit où loger ? Mais aucun souci ! Dieu va ouvrir une porte ! Il a en tous lieux de nombreux serviteurs, quelqu’un leur ouvrira la porte ! Marie va bientôt accoucher… ils ne vont pas rester à la rue !

Et bien si. Aucune porte ne s’ouvre. Enfin… ils ont réussi à se réfugier auprès des animaux. Dans une étable. Il ne fait pas trop froid et ils sont à l’abri des intempéries. C’est mieux que la rue, de peu. C’est là que Marie accouche.

Marie et Joseph auraient pu se sentir dépourvus. Dieu leur a donné un bébé, mais pas de quoi se loger ! À vue humaine, on pourrait penser qu’il les a abandonnés. À travers cette situation, le Créateur avait un message à transmettre à l’humanité. En effet, ce ne sont pas les biens matériels qui donnent de la valeur. Ce n’est pas le statut social qui permet d’accéder à Dieu. Ce sont des bergers, « des pauvres », qui sont avertis en premier de la naissance du roi. Eux qui n’ont rien, ils vont trouver le Fils de Dieu, et repartent avec tout. Leur cœur est rempli de joie.

La société nous offre des biens matériels. Mais Dieu en Jésus apporte ce que le monde ne peut pas nous proposer : la satisfaction, un cœur comblé, et de la joie. Ce que nous ne pouvons pas acheter avec de l’or ou de l’argent, Dieu nous l’offre gratuitement en Jésus.

Un cœur rempli de joie pour effacer les difficultés

Pour ceux qui ont un contact régulier avec l’Église ou la foi chrétienne, c’est un message banal. Mais remettons cela dans nos besoins du quotidien. Combien de burn-out, de divorce, de dépression et d’agression seraient évités si nous étions satisfaits et le cœur rempli de joie ? Nous n’avons pas besoin de plus, mais que notre être intérieur soit rempli. La naissance du Fils de Dieu est accompagnée d’une grande joie ! Est-il possible aujourd’hui encore de faire cette rencontre ?

Questions – Réponses

Peut-on concilier l'année de naissance de Jésus avec les indications qui se trouvent en Matthieu et celles qui se trouvent en Luc ? (Luc 2 : 1 -10)

Salut Benjamin,

merci pour la première méditation. J’ai une première question, qui je sais est difficile. Il y aurait des avis divergents sur la date de naissance de Jésus d’après les sources historiques et les sources bibliques (située entre environ -6 d’après Matthieu en se calant sur Hérode ou environ 6 en se calant sur Quirinius, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Date_de_naissance_de_J%C3%A9sus). Je sais que beaucoup de contradictions dans la Bible ne sont qu’apparentes et peuvent se réconcilier, mais de ton côté, je me demandais si tu avais un avis dessus ?

 

Merci pour ta question, qui soulève effectivement un point difficile. Pour cette réponse, je m’appuie sur les éléments donnés par Ben Witherington, Histoire du Nouveau Testament et de son siècle[1]. En 525, le pape Jean 1er demande à Denys le Petit de définir un nouveau calendrier pour l’Église d’Occident qui prendrait comme année de référence la naissance de Jésus. Le moine a donc dû définir la date de naissance de Jésus. Que cette date ne tombe pas le vrai jour de la naissance de Jésus n’enlève donc en rien la validité du texte biblique. Elle remet en question les méthodes employées par Denys le Petit. Le 25 décembre est probablement choisi pour remplacer la fête païenne des saturnales.

 

Matthieu et Luc sont les deux seuls évangiles à nous donner des indications susceptibles de nous indiquer la date de naissance de Jésus. Comme le dit Witherington :

La datation du recensement mentionné en Luc 2.1-2 constitue l’un des problèmes historiques majeurs dans les évangiles[2].

Matthieu indique que Jésus né sous le règne d’Hérode.

Or il est très probable qu’Hérode mourut entre le 12 mars et le 11 avril de l’an 4 av. J.-C[3]. La venue des mages ne permet pas d’avoir plus de précision sur la naissance de Jésus. En effet, on ne sait pas combien de temps après la naissance ils sont allés trouver Jésus ni si le phénomène qui les a conduits à se rendre auprès de Jésus est une conjonction astrale naturelle. Si c’était le cas, on pourrait imaginer qu’il s’agissait d’une conjonction de Jupiter et Saturne, visible dans la région en l’an 7 av. J.-C. Autre hypothèse, une supernova, en l’an 5 ou 4 av. J.-C. Ces différents éléments plaident pour une date de naissance avant l’an 4 av. J.-C. 

Luc indique que l’empereur Auguste a ordonné un recensement alors que Quirinus était gouverneur de Syrie. Ces informations ne correspondent, a priori, pas à celles que Matthieu donne.

  1. Il n’y a pas de traces qu’Auguste aurait ordonné un recensement dans tout l’empire.
  2. Il envoya Quirinus comme gouverneur de la Syrie, et donc de la Judée, en l’an 6. Après l’an 6, il effectua effectivement un recensement.
  3. Rien n’indique que Quirinus aurait reçu deux fois le mandat de gouverneur.

Luc aurait pu confondre Quirinus avec P. Quintilus Varus, légat en Syrie de 6 à 3 av. J.-C. Mais ailleurs, on constate que Luc fait clairement la distinction entre un surnom et un nom (Ac 13.7 ; 24,1).

À cela, ajoutons encore quelques éléments.

  • Luc indique en Actes 5.37 que le recensement est à l’origine de la révolte de Judas le Galiléen. Il s’agit du recensement de Quirinus en l’an 6-7.
  • Rien n’indique que le recensement de Luc 2.1 ait lieu dans tout l’empire en même temps. Il pourrait s’agir d’un recensement qui a commencé à un endroit et qui est ensuite étendu au reste de l’empire. Or entre 9 et 6 av. J.-C., il y a eu effectivement un recensement en Judée, alors que Saturnius était gouverneur de la Judée.

Il semblerait également que le grec ici utilisé puisse être compris de différentes façons. Il pourrait signifier « antérieur au » recensement de Quirinus. Quirinus a été nommé consul des provinces orientales en 12 av. J.-C. Il est possible qu’il ait ordonné un recensement et forcé Hérode à l’effectuer selon les coutumes juives. Il faut noter que le recensement de la population était aussi un moyen de lever un impôt. Or à la fin de son règne, Hérode était en disgrâce auprès de l’empereur. Il ne serait pas surprenant qu’il ait dû lever un impôt supplémentaire pour amadouer ses supérieurs.

On peut difficilement opter pour une naissance en l’an 6, car Luc nous donne d’autres informations en faveur de la naissance de Jésus vers 4 av. J.-C.

  1. Jean-Baptiste est né sous le règne d’Hérode (Lc 1.5) ;
  2. Jean-Baptiste commence son ministère la 15e année du règne de Tibère, soit en l’an 27 ou 29 ;
  3. Jésus a environ 30 ans lorsqu’il commence son ministère (Lc 3.23) ;
  4. Jésus commence son ministère peu après Jean-Baptiste (Lc 3)

À la lumière de ces éléments, voici la conclusion de Witherington :

La leçon à tirer est qu’on ne peut pas écarter Luc 2.1-2 sous prétexte qu’il évoquerait une situation impossible sur le plan historique, surtout si Luc ne fait qu’associer à Quirinius deux éléments ultérieurs qui seront plus connus : son recensement et son rôle dans la région, lorsque la Judée devint partie intégrante d’une province romaine[4].

Les questions historiques sont vite complexes, car il y a plusieurs éléments à prendre en considération :

  1. Il y a les sources qui parlent directement, tels les textes que nous retrouvons, par exemple, les Antiquités judaïquesde Flavius Joseph.
  2. Il peut y avoir des questions de traduction de ces textes, par exemple en Luc et le grec peut être interpréter de différentes manières et changer le lien avec le recensement de Quirinus ;
  3. Il y a des sources « muettes », comme l’éclipse de Lune, des pierres ou des bijoux ;
  4. Finalement, il y a des présupposés philosophiques. Par exemple, est-ce qu’un évènement peut arriver de façon ponctuelle, sans qu’il y ait de précédents ou de suivant ? La naissance virginale de Jésus est-elle une réalité historique, une interprétation des évangélistes ou une légende ?

Lorsque l’histoire est racontée, on ne peut pas entrer dans tous les détails. Bien souvent, les hypothèses émises par les chercheurs se transforment en affirmation, voire en certitude, dans les livres destinés au grand public.

 

Si tu as d’autres questions, ou qu’un point reste obscur, n’hésite pas à le dire !

[1] Ben WITHERINGTON, Histoire du Nouveau Testament et de son siècle, s.l., pp. 66‑72.

[2] B. WITHERINGTON, op. cit.,  p. 68.

[3] On arrive à cette date en prenant en considération les écrits de Falvius Josèphe. Il dit qu’Hérode est mort peut après une éclipse de lune, et peu avant la Pâque. Or il y eu une éclipse de lune visible depuis Israël le 12/13 mars de l’an -4, et la Pâque cette année-là a été célébrée le 11 avril.

[4] B. WITHERINGTON, Histoire du Nouveau Testament et de son siècle, op. cit., p. 70.

Benjamin Henchoz

Quand Dieu montre le chemin du témoignage

Quand Dieu montre le chemin du témoignage

“Pourquoi y a-t-il tant de dénominations religieuses ? C’est une question qui m’a été posée, et qui m’a permis de réfléchir à la manière dont nous trouvons notre chemin vers Dieu. Voici comment j’ai répondu, guidée par le Saint-Esprit.”

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