Résistez !
C’est le thème de notre série sur 2 Pierre. Résistons au mal, et prenons part au Royaume de Dieu. Au début du chapitre 2, nous nous étions arrêtés le fait que Lot, même s’il vivait à Sodome, dans une ville profondément marquée par le péché, tourmentait son âme nuit et jour à cause de ce qu’il voyait et entendait. Et nous, quel est notre rapport au mal ? Est-ce qu’on y prend part ? Est-ce qu’on y est indifférent ? Ou est-ce qu’on s’en indigne ? En particulier, quelle est notre attitude face à la pornographie ? Car, il faut se le rappeler, il ne s’agit pas de simple image, mais elle concerne des femmes et des hommes qui se font voler leur dignité.
Nous nous en indignons, non pour condamner ceux qui auraient été en prise avec la pornographie, mais parce que Jésus est venu piétiner le mal et partager sa dignité à tous ceux qui ont perdu la leur.
Dans cette prédication, nous allons continuer le texte de 2 Pierre, et nous verrons que Pierre continue à dénoncer ceux qui commettent des injustices. Je raconterai l’histoire de l’homme dont Pierre parle, puis nous terminerons en dénonçons un mal qui ronge notre société.
9 Ainsi donc, le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux et garder les injustes pour le jour du jugement où ils seront punis. 10 C’est le cas notamment de ceux qui,
- dans un désir d’impureté,
- courent après les plaisirs de la chair
- et méprisent toute autorité.
- Présomptueux
- et arrogants,
- ils ne craignent pas d’insulter les êtres glorieux, 11 alors que les anges, pourtant supérieurs en force et en puissance, ne portent pas de jugement insultant contre eux devant le Seigneur. 12 Mais eux,
- pareils à des animaux
- dépourvus de raison qui sont
- destinés à être capturés
- et abattus,
- ils calomnient ce qu’ils
- ignorent ;
- ils mourront aussi comme des bêtes
- 13 et recevront alors le salaire de
- leur injustice, eux qui trouvent leur plaisir à se livrer
- à la débauche en plein jour.
- Hommes pervers
- et souillés,
- ils se délectent de leurs tromperies quand
- ils prennent part à vos festins.
- 14 Les yeux pleins d’adultère et
- jamais rassasiés de péchés,
- ils prennent au piège les personnes mal affermies ;
- ils ont le cœur entraîné par l’exercice à la soif de posséder,
- et ce sont des enfants de malédiction.
- 15 Ils ont quitté le droit chemin et se sont égarés en suivant la voie de Balaam, le fils de Béor, qui a aimé recevoir un salaire pour son injustice. 16 Il a cependant été repris pour sa violation des règles : une ânesse muette a fait entendre une voix humaine et s’est opposée à la folie du prophète.
2 Pierre 9 – 16
Caractéristiques des faux enseignants/faux prophètes
Impressionnant, n’est-ce pas ? La Bible utilise au minimum 25 qualificatifs négatifs pour qualifier les méchants. Et c’est sans compter ce qu’elle dit dans les paragraphes qui précèdent et qui suivent. N’est-ce pas mal de parler ainsi des autres ? Ne devrait-on pas modérer ces propos et dire :
– il y a différentes façons de parler de Dieu
Ou encore
– il y a plusieurs chemins qui permettent d’arriver en haut de la montagne
– chacun son opinion !
Mais la Bible n’y va pas de main morte. Pourquoi ? Pour au moins trois raisons. Premièrement, c’est de nous mettre en garde. L’enjeu, c’est notre vie éternelle ! et notre attitude face à ce qui nous attend à des répercussions dans notre vie quotidienne. C’est pourquoi Pierre dénonce avec fermeté les faux enseignants. Deuxièmement, Pierre ne cite pas nommément des personnes. On n’accuse pas quelqu’un publiquement sans pouvoir prouver ce que l’on dit. Troisièmement, Pierre nous rend attentifs à plusieurs éléments qui caractérisent un faux enseignant. Fait étonnant, il ne parle pas du contenu de son enseignement, mais de son mode de vie. Personne n’est parfait, c’est certain, mais nos actes reflètent ce qui nous habite. Pierre use de ce qu’on pourrait qualifier d’argument ad hominem. Il montre l’incohérence entre la vie de l’enseignant et le message de l’Évangile.
Il arrive parfois qu’un enseignement soit parfaitement biblique et orthodoxe et que Christ soit exalté par la parole de l’enseignant. Mais la Bible nous dit que cela ne suffit pas : il faut que la vie de la personne qui prend la parole soit conforme à l’Évangile. Car Dieu ne veut pas simplement que nous entendions l’Évangile. Il nous demande de l’écouter attentivement et de placer notre confiance en Lui. Cette confiance se manifeste dans nos actes par un changement de comportement !
Portons un regard plein de grâce sur les enseignants, les prophètes, les pasteurs. Mais usons de discernements, et ne laissons pas les faux enseignants prendre de la place dans une Église. La vie d’un enseignant doit refléter l’Évangile.
N’est-ce pas le cas pour tous les chrétiens ?
Oui, bien sûr ! Et d’ailleurs dans ce chapitre, Pierre suggère à ses auditeurs non seulement de se méfier des faux enseignants, mais encore de ne pas faire comme eux. D’ailleurs dans le texte, il y a un petit flou : est-il question des faux prophètes ou des méchants ? Probablement de faux prophètes, et s’il en parle spécifiquement, c’est parce que ceux-ci vont entraîner à leur suite tous ceux qui les écoutent. Et aussi parce que les enseignants sont en quelque sorte les représentants de la foi. Que l’on soit bien clair, la Bible ne parle pas des enseignants, ou des pasteurs, ni même des prophètes comme étant des intermédiaires entre Dieu et les fidèles. Il n’y a pas Dieu tout en haut, ensuite le prêtre, puis les fidèles. Néanmoins, les enseignants sont des modèles, que l’on soit d’accord ou non avec cela.
Reprenons l’actualité. Pourquoi est-ce plus choquant qu’un serviteur de Dieu ait des problèmes avec la justice qu’un entraîneur de foot ? Parce que même si l’on ne demande pas la perfection, on attend d’un pasteur ou d’un curé qu’il incarne la bonté et la justice qu’il proclame. Comme je le disais dans la précédente prédication, priez pour les enseignants dans l’Église, priez pour les pasteurs, priez pour moi : nous avons besoin que Dieu nous garde.
Mais évidemment, cet appel à la sainteté concerne tous les chrétiens.
Pierre cite comme exemple Balaam, qui est un « prophète » de l’Ancien Testament. Je vais vous la raconter dans quelques instants. Pour ceux qui la connaissent, c’est une histoire un peu troublante. Il ne fait pas partie du peuple de Dieu, et pourtant il prophétise. Et c’est ce qu’il a fait, était-ce bien, ou mal ? L’histoire qui suit se trouve en Nombres 22 à 25, ainsi qu’en Nombres 31.16.
L’exemple de Balaam
À cette époque, Israël a erré pendant 40 ans dans le désert, et il se trouve aux portes de Canaan. Balak, le chef des Moabites, est effrayé par ce peuple nombreux, qui a déjà écrasé les Amoréens (voir Nombres 21). Il réalise que l’enjeu n’est pas matériel, mais spirituel. Il sait que s’il veut avoir le dessus, il doit trouver une façon de maudire ce peuple. Alors il fait appeler Balaam, un prophète, qui, dit-on, est en lien avec le Dieu le plus puissant. Il envoie des émissaires pour aller le chercher, et n’oublie pas d’envoyer de précieux présent pour le convaincre de les accompagner.
Balaam accueille les émissaires, et leur demande de passer une nuit chez lui pendant qu’il consulte Dieu. Or Dieu lui refuse la permission de partir. Balaam reste chez lui les mains vides, et les émissaires retournent auprès du roi. Le roi envoie d’autres émissaires, plus éminents, et avec de plus belles promesses. À nouveau, Balaam consulte l’Éternel durant la nuit. Dieu lui permet de partir, à condition qu’il fasse uniquement ce que Dieu lui dira.
L’histoire de Balaam est assez troublante, et le texte ne parle pas directement de ses motivations. Mais en filigrane, on peut y lire la cupidité et le désir de recevoir l’or et l’argent proposé en échange de sa coopération.
Balaam part donc sur son ânesse. Alors qu’il est en chemin, elle fait un écart dans un champ. Il s’énerve et la frappe pour qu’elle revienne sur le chemin. Un peu plus tard, alors que le chemin est bordé de deux murs, elle lui écrase la jambe contre le mur. À nouveau, Balaam s’énerve et la bat. Un peu plus tard, sa monture s’affaisse au milieu du chemin. C’en est trop, il laisse libre cours à sa colère et commence à battre sa monture.
Et là, une chose incroyable se passe : son ânesse se met à parler. Pendant longtemps, j’ai pensé que Balaam avait vécu une expérience incroyable en entendant un animal parler. Mais lorsqu’on lit le commentaire que Pierre fait de cette histoire, ce n’est pas si génial. Le prophète était tellement borné, probablement dans sa soif de posséder, qu’il a fallu que Dieu fasse parler un animal pour qu’il l’entende.
Sa bête lui dit qu’un ange avec une épée dans la main se tient au milieu du chemin, et que par trois fois elle l’a protégé de la mort. Dieu ouvre les yeux de Balaam, qui voit l’ange. Que fait Balaam ? Est-ce qu’il réalise son erreur et retourne chez lui ? Non, il discute avec l’ange et poursuit son chemin. Alors il ajoute un pieu « si tu me désapprouves, je retournerai chez moi ». Mais qu’attend-il ? Par trois fois, Dieu a mis un ange avec une épée dans sa main pour lui barrer le chemin. Mais Dieu lui dit qu’il peut continuer, pour autant qu’il se contente de dire les paroles que Dieu lui indiquera.
Le prophète poursuit donc son chemin, et rencontre Balaak. Ce dernier le conduit en haut d’une montagne pour maudire Israël. Mais Balaam écoute Dieu, et bénit Israël. Ce n’est pas bon pour le compte en banque de Balaam tout ça. Balak l’emmène à un autre endroit, d’où il ne voit qu’une partie d’Israël. Balak va à la rencontre de Dieu, et bénit une fois encore Israël. Ce n’est pas bon signe pour Balaam… Une troisième fois, Balak lui demande de maudire Israël. Alors cette fois, Balaam pense à sa retraite. Il ne consulte pas Dieu, et au moment où il va prendre la parole, Dieu lui dit de bénir son peuple.
Après cela, il rentre chez lui. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les israélites se mettent à coucher avec des Moabites, et ces dernières les entraînent à adorer de faux dieux, à adorer Baal-Peor. C’est un grand désastre, et il y a de nombreux morts. Le fin mot de l’histoire de Balaam arrive plus tard, lorsqu’Israël bat les Moabites, Balaam est tué et Moïse dit :
Ce sont justement elles qui, sur le conseil de Balaam, ont entraîné les israélites à commettre l’infidélité envers l’Éternel, dans l’affaire de Peor ; alors un fléau a éclaté dans l’assemblée de l’Éternel.
Nombres 31:16
Selon ce que Pierre dit de Balaam, il était tellement cupide qu’avant de partir, pour recevoir tout de même les honneurs du roi, il a déployé toute sa fourberie. Il a compris que jamais Dieu ne maudirait les israélites. Le seul moyen donc pour que Balak prenne le dessus, c’était que les israélites se détournent de Dieu. Quel meilleur moyen que d’envoyer des filles pour séduire les jeunes hommes et ainsi les détourner de Dieu ?
L’histoire de Balaam est trouble, parce que si Pierre (et Jude !) n’en parlait pas si durement, il serait difficile, voire impossible, de savoir si c’était un bon prophète ou un faux prophète.
D’ailleurs, si c’était si facile de distinguer les faux prophètes, la Bible n’en parlerait pas si longuement ! Elle nous met en garde contre deux choses : le contenu de l’enseignement, et l’adéquation de la vie du messager avec l’Évangile.
Le prêt à intérêt
Avec Lot, nous avons parlé d’un mal qui ronge notre société : la pornographie. Avec Balaam, nous allons parler d’un autre mal qui ronge la société : le prêt à intérêt. Mais il y a une différence entre les deux. Concernant la pornographie, on a des moyens de lutte. Ils sont modestes, mais on peut faire autrement. Quant au prêt à intérêt, cela semble impossible à l’échelle d’une petite communauté de faire quoi que ce soit. Mais cela ne nous empêche pas de dénoncer le mal.
Le prêt-à-intérêt est en train de pourrir notre système économique. Je reprends une bonne partie de l’argumentation d’une conférence de Michaël Gonin sur le sujet. Le prêt à intérêt est problématique, car il nécessite de créer de la valeur même lorsqu’il n’y a aucune plus-value. C’est souvent le cas dans les crédits à la consommation. Imaginez quelqu’un qui emprunte de l’argent pour partir en vacances. S’il paye un intérêt, il devra rembourser une somme plus élevée que ce qu’il aura dépensé pour ses vacances. Bon, l’exemple peut faire sourire. Mais il y a d’autres situations : l’achat d’un meuble, d’une voiture, etc. Celui qui aura prêté l’argent n’aura pas fourni de travail, ou tout du moins peu de travail, qui pourrait justifier le renchérissement du prix. Lorsque le système se généralise, cela pousse les gens à travailler toujours plus, pour un bénéfice qui ne change pas.
Imaginons un cas un peu plus difficile.
L’emprunt sert à financer une activité ou un produit qui va générer un revenu.
L’histoire du prêt
Bertrand, jeune boulanger ambitieux, n’a pas un sou en poche. Il va voir Arthur, un créancier du village, et lui emprunte 10 francs pour acheter de la farine, de l’eau et de la levure. Grâce à ce prêt, il fabrique des pains, qu’il vend pour 12 francs.
Grâce à son habileté, Bertrand rembourse à Arthur ses 10 francs et se retrouve avec 2 francs de bénéfice. Il pourrait maintenant se permettre un petit plaisir, comme un café bien mérité.
Mais Arthur soulève une question :
– « Bertrand, pendant que tu faisais tes pains, mon argent était immobilisé. J’aurais pu l’utiliser pour autre chose. De plus, si tes pains n’avaient pas été bons, tu aurais peut-être été incapable de me rembourser. J’ai pris un risque ! »
Bertrand hoche la tête. C’est une remarque tout à fait juste.
L’investissement à long terme
Mais Bertrand a une autre idée. Plutôt que de boire un café, il veut agrandir son affaire. Il pourrait réinvestir ses 12 francs, acheter plus de farine, et faire encore plus de pains.
Le problème ? Il doit faire patienter Arthur. Alors, ils imaginent une solution :
– « Arthur, et si je te donnais un papier qui dit que je te dois 10 francs, et que tant que je ne t’ai pas remboursé, tu toucheras 10 % de mes bénéfices ? »
Arthur accepte. Mais un jour, il a besoin de liquidité. Arthur va vers une autre connaissance, Gaston, et propose de lui vendre son titre 15 francs. En effet, l’entreprise de Bertrand se développe, et il est sûr d’avoir chaque année un joli bénéfice. Gaston accepte. Le grand problème dans cette transaction, c’est qu’elle est totalement déconnectée du travail de Bertrand.
Bienvenue dans le prêt à intérêt et le système boursier.
Mais qui serait d’accord de prêter son argent sans qu’il y ait un bénéfice à la clef ? Sans qu’il gagne plus d’argent, et donc qu’il y ait une forme d’intérêt ? Et c’est là le problème. Notre système économique est basé sur la cupidité. Comment peut-on espérer que cela amènera paix et prospérité à long terme ? Jésus voyait les choses autrement :
31 Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous aussi de même pour eux. 32 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance en avez-vous ? En effet, les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. 33 Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quelle estime en avez-vous ? En effet, les pécheurs aussi agissent de même. 34 Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quel gré vous en sait-on ? En effet, les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs afin de recevoir l’équivalent. 35 Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Votre récompense sera grande et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants. 36 Soyez donc pleins de compassion, tout comme votre Père aussi est plein de compassion.
Luc 6 : 31 – 36
Aujourd’hui, pour de nombreuses raisons, on ne peut pas échapper au prêt à intérêt. Mais cela ne devrait pas nous empêcher de désapprouver le système, de prier le Seigneur qu’il ouvre un autre chemin, et de chercher des alternatives.
Christ est venu nous racheter et nous invite à construire une communauté fondée sur l’amour désintéressé. Je n’ai pas la solution, mais je prie que le Seigneur inspire des hommes et des femmes pour que notre système économique soit mû par l’amour.
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